Synede venait tout juste de faire son arrivée en ville. Ses parents l’y avaient envoyé pour se perfectionner dans la maîtrise de son pouvoir. Elle n’avait pas vraiment eu le choix. Pourtant, elle ne comprenait pas vraiment en quoi c’était un passage obligatoire. Après tout, elle ne faisait que parler aux animaux. Ce n’était absolument pas dangereux comme pouvoir, et elle ne pensait avoir autre chose à en apprendre. Mais finalement, elle n’était pas mécontente, cela lui permettrait de changer un peu d’air, elle qui était ordinairement accablé par la routine et la monotonie.

Elle était arrivée le matin même et s’était rendu au pensionnat qui l’accueillerait désormais. Elle avait mis à jour tous les documents nécessaires à la finition de son inscription avant qu’on ne l’envoi errer dans la cour comme un grande. Remarquez, grande, elle l’était. Elle venait d’avoir 18 ans et était capable de se débrouiller toute seule après tout, même si elle devait bien reconnaître qu’elle était un peu perdue ici.

Après avoir tourné en rond pendant un long moment, elle décida d’entrer. A cette heure ci, il ne devait plus y avoir grand monde dans les couloirs. Elle ne serait donc pas gênée par le brouhaha ambiant et le flot d’élève incessant durant son repérage. Elle poussa donc la porte du hall d’entrée, un peu anxieuse. Il est toujours difficile de s’accoutumer à un nouvel environnement. D’ailleurs, elle sursauta presque lorsqu’elle entendit la voix d’un jeune homme un peu plus loin. Elle s’avança, hésitante alors que ses escarpins blancs claquaient légèrement sur le sol dallé. Elle jeta un regard circulaire dans le lieu dans le but de distinguer une silhouette ou une personne quelconque. C’est alors qu’elle aperçu un jeune homme allongé un peu plus loin. Elle fit quelques pas en sa direction.

« Euh oui. Je suis nouvelle, tu ne pourrais pas m’aider s’il te plaît ? »

Questionna t-elle jovialement, sourire aux lèvres.

Beaucoup de gens auraient tourné les talons face à un individu qui se permet de s’allonger au milieu d’un hall d’entrée, comme s’il était chez lui. Mais Synede était vraiment perdue et de toute façon, elle faisait fi des préjugés qui pouvait s’imposer à elle. Elle se plaisait à croire que chacun avait des qualités. D’ailleurs, elle ne pouvait pas avoir complètement tort. Elle fût cependant soulagée lorsqu’elle vit que le jeune homme se redressait. Un instant, elle s’était demandé s’il allait l’ignorer. Ce qu’il ne fit pas.

Lorsqu’il s’approcha, le sourire de la demoiselle ne s’effaça pas. Cela dit, elle n’avait pas pu s’empêcher de remarquer la couleur inhabituelle de son regard. Sans doute portait-il des lentilles. Elle tressaillit très légèrement lorsqu’il lui pris la main pour la porter à ses lèvres. Cela était du non seulement au fait qu’elle ne soit pas habituée à ce genre de salutation, mais plus encore par la fraîcheur de la peau de son vis-à-vis. Elle n’en tint cependant pas rigueur. Après tout, l’étrange habitait sa conscience depuis qu’elle savait qu’elle pouvait parler avec les animaux.

« C’est gentil, mon sens de l’orientation se trouve être des plus médiocre »

Assura t-elle un peu confuse. Il est vrai que si elle n’avait trouvé personne, elle aurait sans doute été contrainte de s’asseoir dans un coin et d’attendre bêtement qu’une âme charitable ne vienne lui porter secours. Cependant, elle avait pris la bonne initiative e laisser ses affaires à l’accueil histoire de ne pas être encombrée toute la journée par des valises trop lourdes.

« Je m’appelle Synede Héléna. Mais c’est un peu long, Synede suffit largement »

Acheva t-elle en glissant une main dans ses cheveux. Elle resta alors fixé sur le regard du jeune homme qui se trouvait en face d’elle. Elle n’avait jamais vu cette couleur…cela lui donnait un aspect un peu effrayant, elle ne pouvait le nier. Se rendant compte qu’elle le fixait sans gêne, elle détourna rapidement son regard, amorçant un pas en direction d’un couloir inconnu.

« On y va ? »

Ce jeune homme était vraiment charmant. Il faut avouer qu’il est peu ordinaire de côtoyer des adolescents dotés d’un minimum de savoir-vivre. Synede n’était pas issue de hauts rangs, mais son éducation la voulait habile en société. Elle ne prenait pas la parole sans être sûre d’en avoir le droit et s’arrangeait toujours pour faire bonne impression. C’était en fait devenu un reflex, on le lui avait appris ainsi, et cela se voyait rien qu’à sa façon d’être. Il n’y avait rien de saccadé dans ses gestes. Gracieuse, elle était cependant loin de tomber dans la provocation.

« Ah ? Tu ne vas pas manger avec les autres ? »

Questionna t-elle gentiment sans se vouloir inquisitrice. Il est vrai qu’il venait de dire qu’il passait tous ses midis dans le hall. Or…normalement il est vrai qu’il devrait sans doute se trouver au réfectoire avec les autres. Pour sa part, Synede avait pris l’initiative de manger dans l’avion, au moins, elle n’aurait pas à supporter le brouhaha inconnu du self. En plus de ça, elle qui changeait souvent d’école, elle connaissait bien ces regards interrogateurs qui la suivait aux moindres de ses pas. Elle avait envi de se poser tranquillement avant d’affronter la horde de lycéens.

Elle écouta cependant attentivement ce que lui annonçait son guide du jour, le suivant simplement pour visiter ce qu’il lui annonçait. En effet, lorsqu’il ouvrit la porte du réfectoire, elle ne fût pas surprise des discussions à tonalité douteuses, des rires et des amusements en tout genre. Syn esquissa un sourire, elle espérait se faire des amis rapidement, elle détestait manger seule. Mais finalement, il lui suffisait d’aller dehors pour ne plus l’être. Là était le gros avantage de pouvoir parler avec les animaux. Et ici, elle n’aurait pas à se cacher au risque d’être prise pour une folle.

« Ah, je suis assez maladroite alors, il vaut mieux que je sache où se trouve l’infirmerie »

Assura t-elle en ricanant brièvement se tournant en autodérision. Elle n’avait pas tort. Elle trouvait toujours le moyen de se blesser bêtement. Mais que voulez-vous, lorsque l’on passe le plus clair de son temps dehors, c’est assez fréquent. Elle arqua cependant un sourcil lorsque le jeune homme semblait s’interroger sur quelque chose.

« Un problème ? »

Synede haussa les sourcils lorsque le jeune homme s’approcha d’elle. Légèrement méfiante tout de même, elle l’écouta quand même. Ah…ce n’était que ça. Soulagée, elle esquissa un sourire, semblant chercher quelque chose du regard. Elle s’approcha d’une des fenêtres du couloir et l’ouvrit.

« Attends »

Précisa t-elle simplement, posant ses deux mains sur le rebord de pierre de l’encadrement de la dite fenêtre. Elle chercha un cours instant avant que son regard ne se posa sur un pigeon qui se trouvait non loin de là. Elle esquissa un sourire à l’adresse du volatile et se mit à lui parler.

« Viens…je t’assure que je ne te veux pas de mal, c’est juste pour lui montrer »

Certes, elle allait peut être passer pour une folle. C’était ce qui s’était passé lorsque ses parents avait découvert qu’elle parlait aux animaux. Lorsqu’elle était enfant, les gens mettaient ça sur le compte de son imagination débordante. Et pourtant, les animaux semblaient toujours la comprendre. Le volatile s’approcha d’une démarche incertaine sur le rebord de la corniche, se retrouvant sur le rebord de la fenêtre, se posant alors sur la main de la jeune fille qui lui caressa doucement la tête. Elle se redressa alors, se tournant vers son vis-à-vis alors que le pigeon plantait soudainement ses serres dans la main de la jeune fille qui étouffa un gémissement. En un roucoulement, il s’envola, comme apeuré à la vue du jeune homme. Mais Synede avait compris ce qu’il avait dit. Elle ignora la petite plaie occasionnée et se tourna vers le jeune homme.

« Il a eu peur de toi… »

Conclu t-elle simplement sourire aux lèvres. Pourtant, l’oiseau avait bien dit : « c’est un monstre ». Elle l’avait compris. Elle se garda cependant d’en faire par au jeune homme, sortant un mouchoir de sa sacoche pour essuyer le sang de sa main. Elle rejoignit son guide.

« Je te suis »

Décidément, cet établissement était étrange. Elle ne savait pas vraiment dans quel sens le volatile avait parlé. Lawrence ne pouvait pas vraiment être un monstre, il était le seul à s’être donné la peine de l’accompagner. Et en plus de ça, s’il avait été dangereux, il n’aurait pas attendu pour lui faire du mal. Syn passa donc outre les paroles du pigeon, se disant que de toute façon, cet oiseaux là n’était pas toujours digne de confiance et qu’en plus de ça, il étaient un peu paranoïaques.

« C’est utile, mais seulement pour moi. Toi au moins tu peux le partager »

Précisa t-elle avec un sourire amusé. Elle n’avait pas tout à fait tort. Elle savait bien que son don la poussai à s’isoler depuis qu’elle était enfant. Parce que les animaux au moins de se moquaient pas d’elle, et même si certain, un peu farouche, ne lui faisait pas confiance, elle n’était jamais seule à l’extérieur. Mais c’était un don bien égoïste finalement. Malgré ça, elle était heureuse de ne plus avoir à s’en cacher.

« Ah…non, mais je ne sais pas, tu sais, les pigeons ont peur de tout »

Assura t-elle simplement en se gardant bien de lui faire par des dires de l’animal. En fait, elle l’avait déjà balayé. Elle faisait confiance en général, mais elle savait bien que parfois, les paroles des animaux n’étaient pas très fiables, tout comme celles des humains. Elle esquissa un sourire un peu confus.

« Oh…ce n’est pas grand chose tu sais »

Prévint-elle gentiment avant d’arquer un sourcil, un peu surprise du timbre de voix ouvertement hésitant du jeune homme qui n’avait même pas daigné se retourner pour lui parler.

« Quelque chose ne va pas ? »

Questionna t-elle un peu inquiète en le contournant pour se poster face à lui.

Par chance, Synede avait tendance à faire preuve d’une insouciance sans limite lorsqu’elle était dans un bon jour. En toute ironie. Elle tressaillit cependant légèrement lorsque le jeune homme agrippa sa main d’un geste plutôt hâtif. Elle ne s’esquiva cependant pas et le laissa la soigner. Bah, s’il y tenait. Au moins comme ça, elle n’aurait plus mal, même si la douleur était vraiment minime.

« Merci »

Prononça t-elle tout de même. C’était là moindre des choses après tout, désormais, c’était lui qui avait la blessure. Mais elle oublia rapidement le malaise qu’il venait de subire, après tout, cela pouvait arriver à tout le monde. Un peu soucieuse, elle repris tout de même tout en le suivant, remettant ses cheveux en place après avoir effacé la moue boudeuse qu’elle avait arborée lorsqu’il les lui avait décoiffé.

« Ah, tu sais, si tout ça t’agace, on peu arrêter si tu veux. De toute façon, me connaissant, je ne vais pas retenir la moitié de tout ce que tu m’as dit »

Avoua t-elle en ricanant brièvement. C’était bien vrai. Lorsqu’elle le voulait, elle était vraiment tête en l’air, et son sens de l’orientation était réellement médiocre. Elle s’en voulait un peu de savoir que le jeune homme s’était probablement donné de la peine pour rien.

« Je finirais bien par imprimer tout ça à force de m’y balader. »

Assura t-elle simplement en jouant machinalement avec une mèche de ses longs cheveux d’un blond surprenant.

Il est vrai que Synede avait rarement été nouvelle. Elle avait passé toute sa scolarité dans la même ville, dans le même établissement depuis sa plus tendre enfance. La routine totale même. Cela expliquait en grande partie le fait que son sens de l’orientation ne soit pas développé, et qu’en plus de ça, elle peinait à trouver des points de repère dans le bâtiment. Elle espérait malgré tout avoir retenu l’essentiel des explications fournies par le jeune homme. Elle ne trouverait sans doute pas un autre guide avant un moment.

Lorsqu’il posa ses deux mains sur ses épaules, Syn leva son regard vers celui qui lui faisait face, un peu intimidé peut être. Elle n’en montra rien cependant, s’il avait voulu lui faire du mal, il l’aurait sans doute déjà fait. Et il ne tirait aucun profit à l’aider, s’il le faisait, c’était sans aucun doute que cela ne le gênait pas le moins du monde. Elle esquissa donc un sourire.

« Ah…et bien, merci »

Rétorqua t-elle sincèrement, à la fois pour le compliment prononcé et pour le service rendu. Elle repris cependant, un peu curieuse sans doute. Mais elle ne se voulait pas inquisitrice, elle trouvait juste cela étrange.

« Mais, pourquoi tu ne va pas manger avec les autres ? »

Questionna t-elle simplement en le suivant dans le dédale de couloir qui menait à la bibliothèque. Elle entra à sa suite sans se faire prier et jeta un regard dans l’immense pièce où s’étalait un grand nombre de rangés de livres en tout genre. Synede n’était pas très porté sur la lecture, mais elle ne pu s’empêcher d’être fascinée.

« Les créatures mythiques ? Tu y crois-toi ? »

Demanda t-elle simplement, sans se moquer. Elle avait beau avoir la tête dans les nuages, elle n’avait jamais imaginé que de telles créatures puissent exister. Après tout, ce n’était que des légendes, et personne n’en avait jamais vu.

« Et bien…Je ne sais pas trop, j’espérais qu’il y ai un internat ici…C’est le cas au moins ? »

Oui…ses parents l’avaient un peu envoyé à la vas-vite ici. Sans trop se soucier de ce qu’elle adviendrait. Finalement, ils n’avaient pas vraiment apprécié sa différence

Le lieu était plutôt calme. C’était une bonne chose. Syn appréciait vraiment la sérénité. Et depuis quelque jour, c’était devenu un luxe. Finalement, peut-être qu’elle allait vraiment se plaire dans ce pensionnat, même si ce dernier avait des allures de mise en quarantaine. Elle soupira à cette pensée. La question de la « normalité » était bien trop souvent remise en question dans ce monde. Elle avait été classée comme anormale, comme tous les élèves de ce pensionnat. Elle entendit à peine la réponse de son vis-à-vis, bien trop plongée dans ses pensées.

« Ah…je comprends. Mais tu sais, j’ai pu voir quelques boulangeries dans le centre ville qui doivent faire de bons sandwichs. Tu ne devrais pas sauter de repas comme ça »

Assura t-elle gentiment par simple avertissement concernant sa santé. Elle ne s’en cachait pas, elle était très gourmande. Et elle avait la chance de pouvoir se le permettre. Alors évidemment, elle ne se privait pas. Pourquoi l’aurait-elle fait d’ailleurs ? elle n’était absolument pas une adepte des régimes inutiles.

« Je ne sais pas. Mais à vrai dire, je n’y ai jamais vraiment cru. A part peut-être lorsque j’était enfant. Si elles existaient, on les auraient déjà vu…dans un monde comme le notre, la discrétion ne suffit pas à se cacher »

Assura t-elle simplement en vadrouillant entre les rayonnage, les mains dans le dos à la manière d’une petite fille curieuse.